LIVRES / MANGA

Animal Human

DATE DE SORTIE
01/10/2025
AUTEUR
Takuya Okada
ÉDITEUR
Mangestu
TYPE
Manga
NOMBRE DE PAGE
208 pages
PRIX
9,95 €

Et vous, pour quelle raison mangez-vous des êtres vivants ?

À la suite d’un accident de voiture, un père et sa fille se retrouvent conviés au banquet d’un étrange groupe d’animaux anthropomorphes. Mais ce qui ressemble d’abord à un accueil chaleureux vire très vite au cauchemar : en visitant leur ferme, ils découvrent avec horreur que pour ces créatures, les humains ne sont que du bétail… qu’ils consomment au quotidien !

Plus que des animaux à l’allure humaine, ceux qui travaillent dans cet « élevage d’humains » se révèlent être de véritables monstres à l’allure animale. Le jeune homme et sa fille parviendront-ils à s’échapper de cette sinistre demeure ?

Avec sa première œuvre, Takuya Odaka signe avec Animal Human un thriller déroutant, où l’interdit et le cauchemar s’inversent ! Une fable inversée saisissante qui s’attaque à l’éthique de notre société moderne, souvent trop passive.

Paru en 2023 au Japon et comptant 3 tomes (toujours en cours), Animal Human ou Dōbutsu Ningen est disponible en France aux éditions Mangetsu. Le manga est écrit par Takuya Okada.

Droit d’auteur : DOBUTSU NINGEN by Takuya Okada © Takuya Okada 2023

Animal Human

Quand la route mène au cauchemar

Un accident de voiture, et tout bascule. Alors qu’il conduisait en compagnie de sa fille Chika, un père est victime d’un accident provoqué par le surgissement d’un animal sur la route. Le choc est brutal, mais par chance, quelqu’un passe par là et leur vient en aide.

Lorsqu’il reprend connaissance, l’homme ne se trouve plus sur le bitume mais dans une ferme, bien installé dans un lit chaud et rassurant. L’endroit semble paisible, mais ce qui l’attend va bouleverser toutes ses certitudes. À son réveil, il est accueilli par… un cochon. Aussitôt, il se persuade qu’il s’agit d’un simple costume et n’y voit rien d’extraordinaire.

Guidé par cet étrange hôte, il traverse un long couloir dont les murs sont ornés de nombreux tableaux d’animaux. Ces portraits, peints avec un réalisme troublant, donnaient l’impression que les animaux étaient les véritables maîtres des lieux… et justement.

Le chemin le conduit jusqu’à une vaste salle de réception. Autour d’une grande table, il découvre une scène surréaliste : un chien, un chat, une vache, un lapin… tous assis, installés comme des êtres humains participant à un banquet. Là encore, il préfère croire qu’il ne s’agit que de costumes. L’essentiel pour lui n’est pas là : il retrouve enfin sa fille Chika, assise à la table, saine et sauve.

Accueilli chaleureusement par ses hôtes, il partage alors un repas étonnamment raffiné. La viande servie est particulièrement savoureuse, au point de lui faire oublier l’étrangeté de la situation.

Pour clore cette journée hors du commun, Levic, le cochon qui l’avait accueilli à son réveil, lui propose de visiter la ferme. Une découverte qui marquera le début du cauchemar.

La chasse commence

Lorsqu’il ouvre la porte, il découvre l’horreur. Dans une vaste étable, il ne voit pas d’animaux, mais des humains. Des dizaines d’hommes se tiennent dans des enclos, alignés comme du simple bétail.

Levic ne prend pas de détour. Il explique froidement le fonctionnement de la ferme : ici, la ferme élève des humains, cent cinquante exactement. La direction classe chaque individu selon son âge, son sexe et son état de santé. Ensuite, elle évalue certains pour leur masse musculaire et d’autres pour leur alimentation. Par exemple, un excès d’alcool influence le goût et la texture de la chair. La ferme note et consigne chaque détail. Dans ce lieu, l’humain ne conserve rien de son statut supérieur : il devient une simple ressource destinée à finir dans l’assiette. Le père et sa fille sont alors enfermés dans une pièce, prisonniers de ce monde où les rôles sont totalement inversés.

Pendant ce temps, Ernest, le véritable maître de la ferme, prépare un événement très particulier : la chasse. Cette fois, ce sont les animaux qui chassent, et les humains deviennent les proies. La ferme relâche volontairement certains humains dans la nature, laissant parfois des portes ouvertes pour leur donner une illusion de liberté.

Le père tente de s’échapper avec Chika. Un instant, l’espoir renaît lorsqu’ils croisent un autre humain. Mais le soulagement disparaît immédiatement : cet « humain » tenu en laisse et traité comme un chien n’est pas ce qu’il semble. En réalité, il sert de traître : dès qu’ils s’approchent, il alerte les animaux sur leur position. Aussitôt, ils se font repérer et capturer. La réalité les frappe brutalement : dans ce monde, les rôles se sont totalement inversés, et aucune échappatoire n’existe.

Animal Human
Animal Human

Quand les souvenirs refont surface

Après la chasse, l’histoire change de point de vue : nous suivons désormais les animaux, et plus précisément Nero, un lynx. Nero se distingue des autres animaux : il ne s’amuse jamais et semble toujours distant. Son ami Dag tente en vain de percer ses secrets, mais Nero reste fermé, ne laissant rien transparaître.

Lorsqu’il mange, Nero vomit constamment. La viande le dégoûte profondément, comme si chaque bouchée lui rappelait quelque chose qu’il ne veut pas affronter. Le seul rôle où il se sent à l’aise, c’est lorsqu’il doit faire visiter la ferme aux plus jeunes. Avec les enfants, il est calme, attentif et presque naturel.

Pendant cette visite, il discute avec Ernest, le chef de la ferme. Ce dernier lui propose de donner un cours sur le dépeçage en direct devant les enfants. Ernest insiste sur une règle fondamentale : il faut toujours respecter et rester reconnaissant envers la nourriture, quelles que soient ses origines.

Au cours de ce cours, quelque chose se déclenche en Nero. Un flash : un souvenir lui revient, lui rappelant qui il est vraiment…

CONCLUSION

Lorsque Mangetsu a annoncé l’arrivée d’une nouvelle licence, j’ai littéralement sauté de joie. Leur catalogue est déjà riche en titres marquants, et je pourrais en citer plusieurs, comme Pumpkin Night ou encore Mother Parasite (dont j’attends impatiemment la suite). Alors quand j’ai vu débarquer Animal Human, ça m’a paru comme une évidence. Le synopsis m’a immédiatement accroché, et la jaquette a fini de me convaincre : visuellement sublime, elle donne d’entrée le ton de l’histoire. On comprend tout de suite que, dans ce monde, les rôles sont inversés. Ce ne sont plus les humains qui dominent, mais bien les animaux, et Ernest trônant fièrement sur la couverture en est l’incarnation parfaite.

Dès les premières pages, on est projeté dans le bain. Pas de détour ni de mise en place interminable : les humains ne sont plus que du bétail, enfermés et observés comme de simples ressources. Très vite, on assiste également à une chasse à l’homme… Terrifiant ! Un miroir glaçant de ce que nous infligeons, nous aussi, au règne animal. Mais le manga ne s’arrête pas là : la suite bascule dans un registre encore plus dérangeant en nous plongeant dans la vision des animaux eux-mêmes. Et cette seconde partie, plus psychologique et visuellement choquante, risque de mettre les nerfs à rude épreuve pour certains lecteurs.

Au centre de ce cauchemar se dresse Ernest, le maître de la ferme. C’est sans doute l’un des personnages les plus complexes du récit. D’un côté, il prône un certain respect pour la nourriture, et parle de gratitude envers les humains qui “nourrissent” ce monde. De l’autre, il se montre glaçant en organisant sans remords des chasses ou des séances de dépècement, même devant des enfants.  Mais Ernest n’est pas le seul à attirer l’attention. Nero, le lynx, se démarque très vite des autres animaux. et pour cause : Nero est avant tout un père, prêt à tout pour retrouver sa fille, quitte à franchir les limites de ses propres convictions. 

C’est là que j’ai vraiment apprécié Animal Human : derrière l’aspect survival gore et les scènes sanglantes, le manga suggère quelque chose de plus vaste. Il questionne, dérange et pousse à réfléchir. Les rôles inversés entre l’homme et l’animal mettent en lumière nos propres contradictions en tant qu’espèce dominante. Ce n’est donc pas seulement une histoire de chasse et de sang, mais un récit plus profond qui se construit au fil des pages. À certains moments, j’ai même pensé à Humanimals, une autre œuvre que je recommande vivement.

Au final, ce premier tome d’Animal Human est une excellente entrée en matière. Intense, brutal, mais aussi intrigant et plein de promesses. Une ouverture marquante qui accroche dès les premières pages et qui laisse entrevoir une suite encore plus sombre et travaillée. Malheureusement, aucune date n’a encore été communiquée pour le second tome, et l’attente risque d’être longue. Mais une chose est sûre : je serai au rendez-vous.

Cet article a été rédigé avec un service presse

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