Paru en 2016 au Japon, Au pays Lointain (ou Voy a contarte historias de un lugar lejano) débarque en France aux éditions Nobi Nobi (Collection Genki) le 3 septembre 2025. Pour l’occasion, l’éditeur propose un format double, plus imposant, idéal pour se plonger pleinement dans cet univers et découvrir chaque détail de ce récit poétique et mystérieux.

Le Pouvoir des murmures
Imaginez un instant… entendre la voix des objets. Que chuchoterait ce vieux crayon posé à côté de vous ? Que murmurerait cette tasse dans laquelle vous buvez chaque matin ? Cela semble étrange, irréel, et pourtant… c’est le quotidien de Chilo.
Depuis toujours, cette jeune fille entend les échos du monde qui l’entoure. Les pierres, le bois, les portes… tout parle à son oreille. Chaque matin, c’est une symphonie de murmures qui l’accompagne, parfois douce, parfois assourdissante. Dans son village, chacun connaît ce don singulier et Chilo a appris à vivre avec, tant bien que mal.
Elle partage son foyer avec sa grand-mère, une femme silencieuse, prisonnière d’un mutisme profond. Et pourtant, leurs regards suffisent à se dire l’essentiel, à combler les vides laissés par l’absence. Car le père de Chilo a disparu depuis longtemps, emporté par les blessures et le mystère. Malgré cela, une douce routine berce leurs jours, fragile mais réconfortante.
Jusqu’à ce matin-là. En montant dans le grenier, Chilo découvre un homme endormi, étendu dans la pénombre comme s’il avait toujours été là. Son cœur se serre : et si c’était son père ? Mais lorsque l’inconnu ouvre les yeux, ses mots résonnent dans une langue étrangère, incompréhensible.
Platino, l’étranger au sourire muet
À côté de cet homme inconnu, Chilo aperçoit un coquillage. Intriguée, elle tente d’en tirer quelques confidences, mais l’objet ne lui raconte pas grand chose. Après tout, il vient tout juste d’être ramassé par l’homme et ne sait encore rien de lui. Déterminée à briser ce silence, Chilo a une idée lumineuse : quoi de mieux qu’un beignet bien chaud préparé par sa grand-mère ? L’homme esquisse enfin un sourire… mais ses paroles demeurent incompréhensibles, comme un langage venu d’ailleurs.
Chilo ne se décourage pas. Elle se tourne alors vers le sac à dos usé qui ne quitte jamais le voyageur. Bien plus bavard, l’objet lui révèle que l’homme n’a rien d’un danger : il n’est qu’un simple voyageur, toujours en quête de travail, sans attaches ni foyer. Rien d’extraordinaire en apparence. Et pourtant… une confidence du sac serre le cœur de Chilo : cet homme n’a personne à aimer, personne qui l’attend.
Ces mots résonnent en elle comme un douloureux écho à sa propre histoire. Elle, qui a perdu son père bien trop tôt, ne peut se résoudre à laisser cet inconnu dans la solitude. Alors, elle lui offre un nom : Platino. Dans son regard étranger, elle croit percevoir une étincelle familière, presque paternelle… Comme si, à travers lui, un fragment de son père lui revenait enfin.


Un voyageur venu d’ailleurs
Et c’est à ce moment-là que l’histoire entre Chilo et Platino prend son envol. Peu à peu, il devient un véritable habitant du village, apprenant le langage, partageant les coutumes et tissant des liens avec les autres villageois. Mais derrière ses sourires, une ombre persiste… comme si ses pas étaient guidés par une mission plus vaste que ce que l’on peut imaginer.
À mesure que l’on avance dans le récit, le voile se lève doucement. Platino n’est pas qu’un simple voyageur : il porte en lui un secret qui dépasse le temps lui-même. Son voyage n’est pas seulement une errance, mais une quête, une promesse qui l’oblige à agir dans le présent pour préserver un avenir précieux.
Pour Chilo aussi, cette rencontre marque le début d’une aventure inattendue. À travers Platino, elle retrouve des échos de son père disparu trop tôt, ce vide qu’elle n’a jamais pu combler. Sans vraiment savoir pourquoi, elle s’attache à lui, à sa présence qui semble à la fois étrangère et familière.