Quelques mots sur l’auteure
Le Grand Arbre au centre du Monde est une fable écologique écrite et illustrée par Makiko Futaki. Qui est-elle ? Nulle autre que l’animatrice emblématique du Studio Ghibli ! Elle est née en 1958 au Japon et est malheureusement morte en mai 2016. Lorsque le célèbre studio voit le jour dans les années 80, l’autrice rejoint l’équipe de Isao Takahata, Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki. Elle collaborera avec eux durant près de trente ans ! Makiko Futaki travaillera sur tous les films de Miyazaki. Il faut dire qu’elle est particulièrement douée pour dessiner les plantes mais également les animaux.
Inspirée par la nature
Vis à vis de ces publications, on compte quatre ouvrages dont Sekai no mannaka no Ki (titre japonais de l’œuvre dont il est question ici). L’idée du livre est venue lors de ses recherches. En effet, afin de dessiner de grands arbres pour le film « Mon voisin Totoro », l’animatrice a visité Yakushima, célèbre pour sa nature très dense. En principe, les collaborateurs ne pouvaient pas travailler sur plusieurs fronts à la fois mais Miyazaki a, au contraire, encouragé Futaki et le livre est donc sorti en 1989. Il a été traduit en français par Yacine Zerkoun et publié par Ynnis Editions en 2022.
La légende de l’arbre
À ce jour, personne ne se souvient de l’existence de cet immense arbre situé au centre du Monde. Il avait poussé dans un endroit reculé, au milieu d’un vallon creux, entouré de montagnes escarpées, qu’il dépassa très vite pour grimper toujours plus haut ; tant et si bien qu’on n’en voyait plus la cime depuis longtemps. Son tronc massif était couvert d’une épaisse couche de mousse le rendant tellement solide qu’il était impossible de le percer. En levant la tête, on pouvait apercevoir les branches se diviser et se perdre dans les nuages.
Une petite chaumière
Au pied de cet immense arbre vivait une grand-mère et sa petite fille prénommée Sissi. Elles vivaient seules dans cette vallée et fabriquaient tout ce dont elles avaient besoin de leur propre main.
Afin d’avoir tout le nécessaire, elles travaillaient consciencieusement la terre qui le leur rendait bien. À savoir, juste assez pour vivre et passer l’hiver, ni plus, ni moins. Dans cette petite maison, il y avait un four, un lit, un métier à tisser et une table avec deux chaises. Il y avait également le nécessaire pour cuisiner et les outils pour travailler.
Une jeune fille curieuse
Sissi devait être âgée d’une petite dizaine d’années. Elle ne rechignait pas à la tâche et avait toujours connu cet arbre géant. À force de grandir à ses côtés, il était devenu un compagnon jusqu’à faire partie d’elle, comme une partie de son corps.
Et lorsqu’elle prenait le temps de l’observer pour voir ses feuilles danser dans les nuages, très loin dans le ciel, un jour lui vint l’idée d’y grimper. Cependant, elle cacha ce secret dans son cœur, car elle savait que sa grand-mère n’en serait pas contente de la savoir si éloignée du foyer.
Une récolte annuelle bienvenue
Chaque année, en automne, l’arbre disséminait ses graines recouvertes d’un duvet doux aux lueurs du soleil. La jeune fille et son aïeule se servaient de cette membrane duveteuse pour filer du tissu. Grâce à cela, un colporteur qui passait une à deux fois l’an, venait échanger leur production contre des biens qu’elles ne pouvaient obtenir autrement, comme par exemple de la farine ou encore de la teinture.
Les graines, mises à nues, étaient comestibles mais Sissi et sa grand-mère les mettaient de côté pour nourrir les petits animaux durant l’hiver. La jeune fille avait déjà essayé de semer quelques graines dans la terre. Cependant, alors qu’un jeune arbre poussait, celui-ci mourrait une fois l’automne venu.
Un étrange oiseau doré
Cette année-là, les graines étaient plus nombreuses. Sissi décida de s’éloigner un peu pour cueillir le plus de semences possibles. C’est alors que quelque chose de brillant attira son regard. En levant la tête, elle vit un grand oiseau doré voler calmement dans le ciel. Et alors qu’un cri perçant retentit, l’oiseau fonça sur une proie pour remonter avec un bouc entre ses serres.
Sissi le regarda partir jusqu’à disparaître de son champ de vision. Elle se rendit sur les lieux de la capture pour y découvrir quelques plumes dorées. Elle les récupéra avant de rentrer. Depuis, elle n’avait de cesse de contempler le ciel pour revoir l’oiseau mais elle ne distinguait plus qu’une silhouette au plus haut dans l’azur.
Un désir profond
Après avoir croisé cet étrange oiseau doré, le désir caché dans le cœur de Sissi refit surface. Elle osa en parler à sa grand-mère qui voyait briller un feu d’aventure dans le regard de la jeune fille. L’aïeule se résigna à laisser partir la petite en lui prodiguant des conseils sur son voyage à venir, ainsi qu’une amulette porte bonheur en forme de grenouille. Alors Sissi entreprit de préparer son exploration durant les jours suivants. Ensuite, elle laissa sa grand-mère derrière elle avec en tête de faire un voyage de six jours. Mais qu’en sera-t-il réellement ?
Un livre illustré
Alors que vous allez découvrir l’aventure de Sissi et son ascension, vous profiterez des illustrations de l’auteure. Elles accompagnent le texte de couleurs claires, le ponctuant pour inviter le lecteur à se faire une idée plus précise du récit qui se tient entre ses mains.
La jeune fille vous rappellera sans doute quelques personnages féminins que vous avez croisé dans les films d’animation. Vous découvrirez également la faune et la flore qui sont souvent bien plus mis en avant que Sissi. En effet, il n’est pas rare de la voir toute petite, se fondant dans la nature qui s’étend à perte de vue et au-delà de votre imagination.
Une histoire vivante
L’œuvre se divise tantôt en texte fondu dans les dessins et tantôt sous forme de cases divisées sur une page. Il y a une certaine volonté à cela, je pense. J’ai remarqué que lorsque le format “bande dessinée” apparaît c’est que l’histoire se veut dynamique à cause d’une action plus vive, d’un danger, d’une fuite. Tout le contraire du texte posé dans l’illustration qui représente plus des moments de calme, de contemplation. Cela vaut à la fois pour Sissi mais aussi pour nous, lecteurs.
Après avoir lu cette histoire, et dès les premières pages, j’avais le sentiment de voir vivre entre mes mains une œuvre animée, ma lecture donnant vie à cette magnifique fable. Je prenais le temps où il m’était donné et je retenais mon souffle lorsque Sissi courait à toute allure.
Une œuvre emplie d’émotions
Alors que les pages défilent entre vos doigts, vous ne serez pas insensibles à toute la bienveillance qu’à voulu transmettre Makiko Futaki. Celle-ci se trouve partout, dans le texte et dans ses dessins. Son message vibre doucement et intensément selon le rythme dont je vous parle ci-dessus.
Et dès lors que la vérité éclatera pour Sissi, vous ne pourrez qu’être témoin du destin de cette jeune fille. Vous l’accompagnerez dans ce périple empli de courage mais surtout d’espoir.