“Un trouble persistant, le besoin de s’isoler, une douche brûlante… Tous les ingrédients sont réunis pour que Josh succombe à ce qu’il redoute et désire tant à la fois : le regard sombre et pensif que Damien, son coéquipier, pose sur lui. Dans ses souvenirs, leur relation a toujours été houleuse. À cause de lui, bien sûr : il y a son incapacité à s’exprimer sans passer par les poings, son contexte familial compliqué, sa sexualité bridée… Mais surtout, il y a le rugby, ce rêve à portée de main qui pourrait s’effondrer s’il cède à la tentation.”
Avant de poursuivre, je voudrais une nouvelle fois vous avertir que le contenu comporte des passages pouvant heurter la sensibilité de chacun, car il y a des références à l’homophobie, mais aussi de la nudité, des bribes de violences familiales et conjugales, etc.…
Une totale mise à nu
“L’Essai” nous emporte dans le monde de Josh. Ce jeune homme pour qui la passion du monde de l’ovalie prend une très grande place souhaite entrer en Nationale et faire de son rêve une réalité. Mais c’est sans compter sur cette rencontre ! Ce sport est comme une échappatoire à son environnement familial où la violence est omniprésente. Nous allons suivre tout au long de l’ouvrage cet homme et nous allons le découvrir à travers ses peurs, ses rêves et ses désirs refoulés. Mais également avec tous les questionnements qui le tourmentent et qui sont au cœur de ce récit.
En ce qui concerne la totale mise à nu, Valéry K-Baran n’utilisera pas de moyens détournés pour parler du monde qui entoure Josh, elle ne cherchera pas à adoucir sa vision. Et elle commence avec le rugby et ce qui l’englobe, grâce à sa plume elle réussit à nous absorber dans ce monde en décrivant les entraînements, mais également les matchs. Les descriptions sont tellement fortes que l’on a l’impression d’y être, de voir, d’entendre et de ressentir l’ambiance de ce monde. On se retrouve même transporté dans les gradins où la foule est aux aguets des mouvements des joueurs sur le terrain. Cependant, un lieu est d’emblée mis en avant : les vestiaires. L’endroit où l’on se prépare avant la confrontation, où les joueurs enragent de la défaite ou au contraire hurlent de joie à la moindre victoire. Dans ce lieu, ils se mettent à nu !
Se poser les bonnes questions
On pourrait croire que le sujet est le rugby, mais en réalité tout tourne autour de Josh, mais surtout autour de ses propres interrogations. Il n’est jamais simple pour personne d’être honnête avec soi-même quand dès votre plus tendre enfance, on vous assomme avec un style de vie normé: un homme doit être viril, hétérosexuel et surtout un Don Juan… C’est pourtant ce que Josh a connu, mais tout cela ne lui correspond absolument pas et il ne parvient pas à mettre des mots dessus, jusqu’à ce qu’il rencontre Damien. La carapace de mâle va se fissurer au fur et à mesure que Josh sera confronté à Damien, un Damien à contrario sûr de son orientation sexuelle qui va beaucoup déstabiliser Josh. Ce qui va l’aider peu à peu à ne plus se voiler la face sur celui qu’il est réellement.
Le désir et plaisir
Un véritable déchirement envahi notre protagoniste principal entre son désir grandissant et la norme que lui impose la société, surtout quand on est dans un monde tel que le rugby. Ici ce que Valéry K-Baran détaille ne fait qu’écho avec ce qui se passe encore dans la société actuelle.
Josh s’interroge sur son orientation sexuelle, car jusqu’à maintenant, il a courtisé des jeunes femmes. Sauf que Damien le déstabilise et les moments intimes qu’ils partageront ne vont pas arranger les choses pour lui. Et cette façon de décrire les moments entre les deux hommes est poétique et pourtant à la fois très explicite, cette impression étant renforcée par la présence d’illustrations de Gustave Auguste qui ne laissent pas de place aux doutes.