Aujourd’hui, nous allons parler de la nouvelle pépite des éditions Kool Books. Mais dois-je vraiment te rappeler qui ils sont ? Pour faire simple, c’est un éditeur français qui propose des mangas super méga kool (et je ne citerai que Rigel After Lift, dont j’attends impatiemment la suite).
Cette fois-ci, direction le monde des Orcs ! Et non, je ne parle pas de l’Orc de Sauvez Willy! N’imagine pas non plus l’Orc hideux issu de Le Seigneur des Anneaux. Dans Odán : Brèves du Pays d’Ymyl, nous suivons l’histoire d’une jeune Orc bien décidée à prouver que l’amitié va au-delà des différences raciales…
L’autrice
Mais avant de parler de cet ouvrage, découvrons qui se cache derrière. Il s’agit de Maylis, une artiste mangaka demeurant à Toulouse. Ancienne professeure, Maylis a décidé de laisser parler son cœur en exerçant un métier qui la passionne.
À la fois mangaka et illustratrice, Maylis a déjà eu l’occasion de se faire connaître en proposant deux mangas : Les Carnets du Botaniste et Les Enfants de Thot.
Maylis est la preuve formelle que les femmes sont tout aussi capables que les hommes de nous faire rêver à travers un manga. Qui plus est, c’est du made in France, ce qui donne une raison supplémentaire de la soutenir.
Son ancienne carrière se fait également ressentir ; on perçoit clairement l’aspect pédagogique au travers des pages, rendant ainsi la lecture accessible aux plus jeunes. Comme vous allez le voir, Odán : Brèves du Pays d’Ymyl aborde des thématiques très importantes, qu’il est essentiel de discuter avec les plus jeunes.
Vous pouvez la soutenir directement sur ses nombreuses plateformes dont sa page Facebook.
Aucun relâchement possible
Dès la première page, nous faisons la connaissance d’Odán, l’héroïne de ce manga. Jeune orc pleine d’ambition, elle partage le même objectif que la plupart de ses congénères : devenir membre officiel du clan. Mais pour cela, elle doit d’abord réussir l’épreuve du rite.
Malheureusement pour Odán, sa nature tête en l’air complique les choses. Cela suscite la colère de son père, Harag, qui lui n’est clairement pas là pour plaisanter. Son unique but est de faire de sa fille une véritable guerrière, et il ne tolère aucun relâchement. Une mission difficile à assimiler pour Odán, jeune orc en pleine croissance et curieuse de tout.
Choisis bien ton chemin, Odán
Son père a le don de la pousser à bout, notamment en évoquant sa mère, décédée dans des circonstances encore inconnues. Mentionner le souvenir de sa défunte mère rend Odán folle de rage. Elle perd alors tout contrôle, un comportement inacceptable pour Tränar, son professeur, qui ne tolère pas la violence gratuite. “La colère est le chemin des démunis, la violence, celui des faibles.”
Tränar est différent du père d’Odán, qui nourrit toujours une rancune envers les nains. Bien que Tränar lui rappelle sans cesse que les nains et les orcs sont désormais en paix, Harag s’obstine à entraîner tout le village pour se préparer à une éventuelle nouvelle attaque.
Cet événement déclenche alors une nouvelle dispute entre père et fille. Mais cette fois-ci, Odán est bien décidée à dire à son père tout ce qu’elle ressent et, surtout, à en apprendre plus sur la mort de sa mère.
Le poids du silence
Cette nouvelle dispute ne va pas arranger les choses pour Odán, qui n’en peut plus. Elle aimerait savoir comment sa mère est morte, mais son père demeure dans le silence. Lors de son nouvel entraînement, la jeune orc va alors libérer toute sa rage, mais sur la mauvaise personne.
C’est inconcevable pour son professeur, qui lui demande de quitter le cours, et Odán s’exécute sans broncher. Elle prend alors la direction de la forêt et laisse éclater sa rage, une rage qui nous laisse sans voix. À ce moment-là, on comprend la réelle détresse qu’elle ressent, et on aimerait qu’une chose : pouvoir la consoler et lui dire que tout ira bien.
Cependant, pas le temps de se laisser abattre. Odán entend un bruit et décide d’en comprendre l’origine. À sa grande surprise, elle découvre un nain blessé. Pour elle, pas question de le laisser agoniser sans rien faire. Sans se soucier de sa race ni même des conséquences, Odán décide de lui venir en aide et de le transporter au village pour le soigner. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que son acte va être lourd de conséquences…
Une vision différente
À première vue, j’ai trouvé le manga très enfantin. La petite fille douce et à la fois rebelle, qui n’a plus sa mère et dont le père n’a toujours pas fait son deuil… C’est un peu du déjà vu, mais honnêtement, ça fonctionne et ça fait toujours son petit effet.
Au fur et à mesure de l’avancement, on découvre Odán, une orc qui n’a décidément pas la même vision que son père en ce qui concerne les nains. Déjà à ce moment-là, on comprend que l’autrice fait passer un message, et je trouve cela remarquable, surtout lorsque l’on voit les mentalités qui perdurent en 2024.
Côté scénario, on a soit quelque chose de trop cul-cul, soit de l’action à gogo… Odán : Brèves du Pays d’Ymyl regroupe les deux de manière équitable. Il y a pas mal de scènes de combats, mais celles-ci restent visuelles pour les plus jeunes. Quant au côté sensible, on retrouve une relation très conflictuelle entre un père et sa fille qui ne se comprennent plus… La raison ? La perte d’un être cher. Là encore, on utilise la corde sensible, et ça fonctionne du tonnerre.
Les apparences sont trompeuses
Les sujets principaux sont parfaitement maîtrisés (le deuil, la différence, ou encore la relation avec les autres). En soi, rien de choquant, ce qui rend donc la lecture accessible aux plus jeunes.
D’ailleurs, cet ouvrage a fait le tour de ma maison… Pas moins de 8 petites mains (pour faire simple, 4 enfants) ont découvert l’histoire d’Odán, et je peux dire que c’est un succès complet ! Que ce soit les plus grands (14 et 12 ans) ou les plus jeunes (10 ans et 8 ans), tous ont adoré suivre ce one-shot !
Je pourrais même dire que c’est le genre d’ouvrage qu’on devrait mettre automatiquement entre les mains des enfants (un peu comme lorsqu’on nous obligeait à lire Le Petit Prince). C’est vraiment un très beau manga et j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
De plus, le fait que le personnage soit un orc change toute la donne ; on se retire tout de suite le côté barbare et sans pitié de cette race. Cela prouve encore une fois qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Et bam, encore une leçon pour nos petits lecteurs !