Préambule
Nous venons tout juste de passer le cap de l’année 2022 et l’un de nos premiers articles concerne un jeu sorti au printemps 2020. Y aurait-il un bug dans notre machine ? Que nenni… Quand Will, entre deux bouchées de donuts, m’a demandé d’écrire sur l’un de mes récents coups de cœur, STREETS OF RAGE 4 s’est imposé directement.
Alors c’est parti ! Au programme c’est salade de phalanges et coups de boule en rafale, le tout arrosé de respect et d’amour. Si si, je vous jure, c’est compatible.
Back to the 90’S
Né à la fin des années 70, et toute ma prime jeunesse je jouais déjà du joystick. Je vous vois venir avec vos idées mal placées. Je parle bien de jeu vidéo, que j’ai commencé à fréquenter via les Atari 2600, Nintendo NES, Sega Master System et autres CPC 6128. Qui a dit « préhistorique »? Attention hein, vous n’êtes pas loin de prendre un coup de déambulateur.
Parmi les consoles qui ont peuplé mon salon et squatté la télé, il y eu la MEGADRIVE de Sega, sortie en 1990 sur notre territoire. Je ne m’étendrais pas sur l’aura mythique de cette machine, je réserve ça pour un autre jour, si vous le voulez bien. Cette fabuleuse machine comptait d’innombrables pépites et les chef d’œuvre à son actif sont légion. L’année 1991 arriva et avec elle le fameux STREETS OF RAGE. Alors quid du titre de SEGA ?
STREETS OF RAGE, premier du nom, restera une date dans l’histoire du jeu vidéo, à plus forte raison que pour s’imposer à cette époque, un beat them all devait être de qualité. Un de ses concurrents, le légendaire FINAL FIGHT, avait alors déjà posé des jalons qualitatifs très exigeants.
Et ce fut…la claque, dans tous les sens du terme. Le jeu s’est révélé fantastique, et ce, à tous les niveaux, dépassant tous les pronostiques et les plus folles attentes. De l’ambiance urbaine inquiétante au graphismes percutants et colorés, de l’histoire de ces trois jeunes « vigilantes » à la bande son quatre étoiles, ce titre avait juste TOUT pour plaire. Il aura su se faire très vite une fanbase solide et donne rapidement naissance à deux suites tout aussi qualitatives: STREETS OF RAGE 2 (1992) et STREETS OF RAGE 3 (1994).
Ayant marqué l’Histoire de Jeu Vidéo, la série STREETS OF RAGE pouvait se payer un repos bien mérité. Jusqu’à ce qu’une bande d’irréductibles Gaulois décident de relever le défi totalement fou de réanimer la bête.
Uppercut dans ta nostalgie
Le projet commence à apparaître sur le net au moins une bonne année, si ce n’est plus, avant sa date de sortie. J’avais découvert un article, je ne sais plus où, accompagné d’une photo. Quoi ? Comment ? Street of Rage 4 était en production et était développé par un studio français ? Mais… mais… COCORICO ! Passées les premières secondes d’excitation, de suite sont venues les interrogations. Évidemment, avec mon cœur de gamer (si tu as la mélodie en tête, chante avec moi), je redoutais de voir le mythe sali par une suite qui ne serait pas à la hauteur de ses aînés. J’étais toutefois déjà séduit par l’orientation artistique que cela semblait prendre. Wait ’n’ see me dis-je alors. Après tout, pourquoi pas.
Vient le jour de sortie et de sa disponibilité sur le Play Store de Sony, et c’est fébrile que je procédais à la transaction, manette de PS4 en mains. Je lance le jeu, après un paiement des plus attractifs et m’attends à devoir fatalement comparer mes souvenirs enjolivés avec le temps et cette dernière mouture qui faisait acte de piraterie dans ma nostalgie. Je plaisantais à haute voix pour désamorcer une éventuelle déception, et pourtant…
Dès l’intro, je tombais amoureux. Cette ambiance, cette musique, ces graphismes…
Pour juger de quelque chose, il est bon, voire nécessaire, de prendre tous les paramètres en ligne de compte. Le plus évident, de prime abord, c’est la direction artistique. Témoin de la beauté du rejeton pondu par DOTEMU, LIZARDCUBE et GUARD CRUSH, je n’ai pu que passer les heures suivantes à jouer avec un sourire béat collé au visage. Le tout a agit sur moi comme une cure de jouvence et un lifting du cœur. J’avais à nouveau 13 ans…Il ne manquait plus que l’inquiétude de ne pas avoir fait ses devoirs le dimanche soir et de voir son père prendre le cahier de texte, et on était bon.
Les tripes de la bête
Bon au final c’est quoi STREETS OF RAGE 4 ? Hein ? Dis nous, père Castor.
L’histoire reprend une dizaine d’années après les événements de SoR3 et la chute de l’empire de Mister X. Ainsi la fameuse métropole Wood Oak City pouvait dormir sur ses deux oreilles. Sauf que c’était sans compter sur les marmots du méchant-pas-beau, les turbulents jumeaux Mister et Miss Y, autant en manque d’affection paternelle que d’imagination pour les sobriquets. Les deux sales gosses prennent le relais de leur papounet, bien décidés à faire payer à la ville entière leur crise d’adolescence. Témoins de ce tout ce bazar, notre bon vieux AXEL STONE, accompagné de l’éternelle BLAZE FIELDING reprennent du service. A eux se joignent deux nouveaux: FLOYD IRAIA, une belle bête aux bras cybernétiques qui ferait passer The Rock pour Tyrion Lannister, et CHERRY HUNTER, petite rockeuse et fille d’ADAM HUNTER, plein de pep’s et de coup de guitare.
Un scénario somme toute simpliste mais qui convient on ne peut mieux au style appliqué: le cassage de bouches. Un beat them all ne doit pas s’encombrer de ressorts scénaristiques alambiqués, c’est une ligne droite pour la satisfaction. Malgré ce constat, les développeurs nous ont concocté une histoire dense comme il faut, les chapitres du jeu étant entrecoupés de petits moments narratifs des plus bienvenus. Cela permet une immersion satisfaisante, à plus forte raison quand on est attaché à la saga. Le tout résonne déjà comme un bel écho du passé.
A fond les manettes
En terme de fond, parlons des ressentis manette en mains. Rarement il m’a été donné de jouer à un jeu dont le gameplay est aussi abouti. A la direction des niveaux, JORDI ASENSIO, amoureux des jeux de combats et visiblement possédé par le style. Soucieux de retranscrire le rythme et l’esprit de l’époque, il aura participé à donner vie à un jeu extrêmement jouissif et abordable. Car oui STREETS OF RAGE 4 est l’incarnation même du « easy to play, hard to master ».
Un travail des plus respectueux des fans et également au service des nouveaux venus, personne n’est mis de côté. Que ce soit le casual ou le hardcore gamer, tout le monde est convié à la baston. Ce jeu est la somme de multiples intervenants talentueux, tous sous la direction du producteur/chef d’orchestre CYRILLE IMBERT, qui aura su, avec son équipe, relever ce défi insensé. Et au passage un homme que je jalouse pour sa densité capillaire.
Comme déjà évoquée, la question de la direction artistique a été vite pliée. C’est mortel. Portée par une animation ultra nerveuse et fluide, la DA a été maîtrisée de bout en bout. Offrant un merveilleux mélange de respect du matériau d’origine et d’un style moderne du plus bel effet. Pour revenir sur nos héros, AXEL aborde une barbe et une bonne vingtaine de kilos de muscles supplémentaires, BLAZE est plus sexy que jamais et leurs deux nouveaux comparses sont aussi sympas esthétiquement que variés en termes de gameplay. Les ennemis sont très nombreux, abordent tous un style visuel bien à eux et une méthodologie comportementale personnelle. Les décors sont hallucinants et multiples, et arrivent, par truchement, à réellement donner l’impression d’être en 3D alors que le jeu est tout en 2D. Un tour de force technique (merci JULIAN NGUYEN-YU), un fond solide au service d’une forme magnifique impulsée par le travail stylé de BEN FIQUET.
Les mélodies du bonheur
Dernier point, et non des moindres, la musique. Les fans (bon ok, les vieux) le savent, la série a toujours été extrêmement bien servie au niveau son. Les deux pilotes fous des trois premiers volets s’appellent YUZO KOSHIRO et MOTOHIRO KAWASHIMA. Ces deux fabuleux compositeurs ont sublimé les jeux de la saga avec des thèmes aussi mémorables qu’intemporels. Pour ce quatrième volet, le commandant de bord s’appelle OLIVIER DERIVIERE, un homme forcément bon car il est né en 1978. Cette remarque est totalement objective et ne saurait souffrir d’aucun débat. Donc, ce dernier était chargé de l’accompagnement sonore et aura su s’en tirer à merveille. Tout le jeu est complètement sublimé par ses œuvres et malgré la pression de s’attaquer à un tel mythe, en tout cas j’imagine, il a su graver son nom dans le marbre vidéoludique à jamais.
A l’instar des films, un jeu vidéo sans musique serait tout bonnement affreux à jouer. C’est toute l’importance de l’ambiance sonore, à plus forte raison quand elle est excellente, comme dans le cas présent. A noter également la présence de nombreux artistes différents pour les morceaux concernant les boss, et surtout le retour enivrant de YUZO KOSHIRO pour quelques morceaux. De tous ces éléments combinés, il en résulte un véritable coït auditif.
C’est que de l’amour
Plus j’écris sur ce jeu et plus j’ai envie de taper frénétiquement sur mon clavier. Frustré de ne pouvoir justement retranscrire ce que je ressens pour STREETS OF RAGE 4
Je vais commencer par statuer sur un truc très simple: J’ai acheté trois fois le jeu sur les différentes plateformes et j’y joue quasi quotidiennement avec mon fils de 6ans sur la XBOX. Et comme nous ne somme pas les seuls à l’adorer, nous lui avons pris sur SWITCH pour Noel. Oui, nous l’avons acheté trois fois. Et vous savez quoi ? J’aurais cédé une quatrième fois pour le pack collector, sauf qu’il n’y en a plus, à part sur le net à des prix prohibitifs. Une seule chose peut arrêter l’amour: l’appel de ton banquier. Ou un low-kick de ta femme.
Voilà où j’en suis. A l’heure des super AAA et autres maelström d’effets 3D du plus bel effet, mon coeur va toujours à STREETS OF RAGE 4. Pour plein de raisons évoquées plus haut, mais surtout pour un paramètre: ce jeu transpire l’amour et la passion. C’est du travail de passionné pour les passionnés, fait avec un respect émouvant et un sérieux dont beaucoup devraient s’inspirer. Ce jeu est parfait. Sans rire, où sont les défauts ? Le jeu est magnifique, superbement bien animé, gamedesign aux petits oignons, musiques épiques… Alors oui, être fan du la saga aide clairement à l‘appréhension du jeu. Mais nul doute qu’il a su séduire ceux qui n’ont pas connu l‘époque glorieuse des 16bits. D’ailleurs il suffit de traîner un peu sur le net pour s’en rendre compte, SoR4 fait l’unanimité.
Anecdote personnelle impromptue
Quand j’ai découvert STREETS OF RAGE premier du nom, une chose m’avait marqué au fer rouge. Cette introduction avec ces immeubles bleutés et ce texte défilant sur cette musique mystérieuse. C’était une fenêtre ouverte pour l’imagination et les promesses de quelque chose de nouveau. Une perspective immersive et terriblement envoûtante qui aura construit une partie de ce que je suis aujourd’hui en tant que dessinateur. Au passage, pour une raison que j’ignore, un morceau découvert bien des années plus tard m’aura fait ce même effet, il s’agit de DESTITUTE ILLUSIONS de JAMIROQUAI, que je vous invite à écouter. A chaque fois que j’écoute ce morceau, je pars à WOOD OAK CITY.
STREETS OF RAGE est une pierre angulaire de ma vie de gamer et aura su dépasser sa condition de « simple » jeu vidéo. C’est un jeu auquel on joue encore 30 ans après sa sortie. Je vous prie de croire que je jouerais encore à STREETS OF RAGE 4 dans 30 ans.
Alors CYRILLE, BEN, JORDI, OLIVIER, JULIAN, sans oublier nos amis québécois CYRILLE et BEAUSOLEIL (bénis soient tes parents, ce prénom est génial) ainsi qu’a tous ceux qui ont participé de près ou de loin à SOR4 : un milliard de merci, sincères et du fond du coeur. Je crie ces mots depuis une falaise au pied de laquelle frappent des vagues et sur fond de soleil levant. Oui j’ai le sens de la mise en scène.
5 Responses
Un jeux vraiment énorme, l’article résume bien toute la nostalgie et les heures passer à casser des dent sur cette licences. Une véritable pépite Street of rage 4.
Tu me donnes vraiment envie d y jouer 🥰.
Super article en tout cas !
Merci Laurent et Maxime, content que ça vous ait plu 🙂
Quel bon jeu ! Ça m’ennuierait vraiment de l’avoir acheté sur PS4 et de ne plus pouvoir y jouer après un reset maladroit des codes de ma console…
Pas bien de se moquer (surtout que c’est ma faute) lol